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No13
   26-octobre-1999   

Editorial:

Faire un renvoi sur votre blog CE QUE NOUS VOULONS DANS LA NEGOCIATION ARTT CHEZ COCA-COLA

Le travail social est une composante de toute société. La société vit du travail de chaque individu, des échanges qui se créent et de sa capacité à répondre aux défis de son environnement et de son développement. Le travail en entreprise permet des apprentissages, des savoirs, des contacts, une découverte de ses capacités, un épanouissement en fonction des possibilités du métier. Bien sûr, la présence des salariés dans l'entreprise n'est pas gratuite. Le travail produit permet, sous un lien de subordination, de vendre sa force de travail afin de pouvoir vivre à l'extérieur de l'entreprise et de faire vivre sa famille. "Gagner sa vie" résume bien l'essence du travail.
Qu'à l'occasion de la réduction du temps de travail les salariés ne puissent pas concevoir qu'ils vont perdre du salaire est une évidence incontournable. Ce que veulent d'abord les salariés, à l'occasion de la négociation ARTT dans le cadre des lois Aubry, c'est de ne pas gagner moins car la loi n'a rien prévu sur le maintien des rémunérations antérieures puisque le salaire de base est fixé en fonction de la durée légale du travail. L'accord de branche permet le maintien de cette rémunération dans le cadre d'un accord d'entreprise.
L'intensité du travail, la fatigue et l'attention à la qualité du travail et aux risques d'accidents créent un besoin de détente. Si le travail permet un certain épanouissement, rien ne vaut le temps libre pour vivre la vie familiale et les loisirs choisis. Avoir plus de temps à soi est une autre exigence des salariés.
Jean-Pierre PUZIN, Délégué syndical central


Nos engagements:

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Les réunions de négociation ARTT continuent-elles ?

Malgré la lenteur des discussions, les interruptions de l'employeur, les "constats de désaccord", la négociation continue. L'employeur a intérêt à la signature d'un accord et les salariés aussi. Evidemment pas pour les mêmes raisons. Et il n'est pas question d'additionner les souhaits de l'employeur et ceux des salariés, car ce serait aussi cumuler les craintes de l'employeur et celles des salariés. Il s'agit de se mettre d'accord ensemble.
Pour Force Ouvrière, il n'est pas question de conclure un accord vague qui exigerait des négociations et des accords pratiques dans les établissements. Il n'est pas non plus question de conclure un accord sur un métier en renvoyant à plus tard d'autres accords sur d'autres métiers. L'accord sera unique et global.

Quels sont les problèmes les plus importants de l'accord ARTT à régler ?

Quatre points fondamentaux pour les salariés sont à régler.
La pause est encadrée pour les salariés postés par la Convention Collective qui, dans son article 52, accorde une demi-heure pour 8 heures de l'horaire du contrat. Un employeur ne peut pas, de sa propre initiative et sans accord d'entreprise, la rallonger ou la réduire aux vingt minutes de la loi Aubry I. Cet article 52 dit aussi que cette pause est payée. Ce temps de pause casse-croûte qui s'ajoute aujourd'hui au temps de travail effectif est payé conformément à la Convention Collective. Au 1er janvier de l'an 2000, si le temps de travail effectif est égal, selon le choix de l'employeur, au temps de travail légal, le temps de casse-croûte sera en plus du temps légal de travail et sera payé, sauf accord d'entreprise qui prévoirait des jours ARTT en compensation, ainsi que le permet la loi Aubry I pour tout temps qui dépasse le temps de travail légal. La loi Aubry II ne changera pas cette situation des salariés postés et les négociateurs de l'accord de branche n'ont pas non plus amoindri les droits des salariés postés sur les pauses.
Le temps des commerciaux et des techniciens qui se rendent le matin chez les clients en fonction de plannings prévus antérieurement ou à l'instant T est bien celui où ils sont "à la disposition de l'employeur" et où ils doivent "se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles". Il est donc du temps de travail effectif. A partir du moment où le salarié n'habite pas à une distance anormale de son lieu de travail, compte tenu des nécessités de logement en prix, confort et sécurité, il est dans une situation normale de trajet à destination d'un client. Il n'est pas possible pour des syndicats d'accepter une règle qui, en considérant une moyenne d'éloignement, léserait les salariés qui ont fait l'effort de se loger à une distance normale d'un secteur de travail. Force Ouvrière est contre la fixation d'un temps de transport domicile-client d'une demi-heure moyenne proposée par la direction qui se décompterait du temps de travail effectif au détriment du salarié.
L'organisation du travail qui résultera des lois Aubry échange une réduction du temps de travail contre des aménagements qui s'appellent modulation ou annualisation puisque le calcul du temps légal de travail se fait en moyenne annuelle et non plus en moyenne hebdomadaire. Ce sont des organisations incontournables dans le cadre d'un accord ARTT qui maintient la rémunération antérieure du salaire de base des salariés. Le devoir des syndicats est d'amoindrir les contraintes de cette nouvelle organisation pour les salariés. Les projets présentés par l'employeur, tant pour l'industriel que pour le commercial, ne respectent pas tous les espoirs du travail des salariés. Donner des jours ARTT, c'est bien, mais si c'est pour donner plus de travail, de stress et de désorganisation aux salariés qui continuent à travailler, l'entreprise perdra en performance. Etendre dans le commercial la durée de présence des salariés dans la journée et dans la semaine, c'est en principe favorable aux clients. Par contre, si les effectifs qui travaillent sont irréguliers, il y aura une minorité de clients satisfaits et une majorité insatisfaits. Accumuler des semaines hautes dans l'industriel pendant les deux tiers de l'année alors que les besoins en bouteilles sont anticipés avec un délai de un mois et demi à deux mois seulement, c'est créer des contraintes de fatigue majorée alors que le seul problème à résoudre est l'impossibilité d'ajuster à un mois près la date précise des besoins accrus de la haute saison. Les salariés, tant dans l'industriel que dans le commercial, veulent des horaires le plus réguliers possible pour éviter une trop grande fatigue (car les trois/huit, c'est déjà fatigant et la manipulation plus importante du matériel en haute saison, c'est aussi fatigant). Il doit être possible de s'entendre pour faire face à des imprévus par des moyens moins pénibles et organisés.

Comment Coca-Cola Entreprise rend-il compte du déroulement des négociations ?

Que l'employeur informe les salariés, c'est bien, ne serait-ce que pour rassurer les salariés sur sa volonté de conclure un accord. Par contre, toute information vague, imprécise ou fausse de la part de l'employeur ne peut que rendre maussade le climat de la négociation.
Quand on affirme que toutes les organisations syndicales demandent l'inclusion du temps de pause postée dans le temps de travail effectif, quand on affirme que des organisations syndicales se seraient retirées de la négociation, on se demande si les rédacteurs des "synthèses" étaient bien présents aux réunions de négociation, voire s'ils ont jamais feuilleté un code du travail.
Au delà du rire que peuvent provoquer ces bogues avant le 1er janvier de l'an 2000, l'inquiétant porte sur les points débattus et non évoqués dans ces "synthèses". Va-t-il falloir faire un "constat de désaccord" pour obtenir un compte-rendu signable? Ce serait le comble. Sans compter que s'il faut une demi-journée à l'employeur pour présenter un brouillon de texte, le temps de négociation restant ne va pas permettre d'aboutir rapidement à un accord.

Les salariés doivent-ils se sentir concernés par la négociation ?

La mobilisation des salariés est nécessaire. Pour se mobiliser, les salariés doivent être informés, tant par l'employeur que par les syndicats Ils doivent se syndiquer car le meilleur moyen pour les syndicats de bien réfléchir, c'est de réfléchir ensemble. La force des syndicats, c'est d'abord la force de ses syndiqués. Les groupes de travail ont été une étape de mobilisation, mais ils ne pouvaient guère aboutir qu'à des "pistes de réflexion". Sur les problèmes essentiels que nous avons rappelés, l'employeur s'enlise dans le passé et il serait temps qu'il se rende compte que nous allons vivre dans un nouveau millénaire et que nous voulons toujours aimer travailler chez Coca-Cola Entreprise.


   top.gif    Dépôt CCE: 26-octobre-1999   
   c.gif    Responsable de publication: André PUJOL